The Poipoidrom | Le Poïpoïdrome | Das Poipoidrom | A Poipoidrom

Interview de Robert FILLIOU et Joachim PFEUFER par László BEKE

László BEKE: Pourquoi m´as-tu dit que tu parles mieux l´anglais que le français ?

Robert FILLIOU: Well, I think it´s right. I spent many years just speaking English, you know.

L. B.: And, do you think at this moment that this is like a reflexion about your past time in English language?

R. F.: Yes. But it is all my formative years in United States; and then, speaking English, either in countries where English is the international language, or by being married too, you see, English speaking, my friends, most of my friends.

So, actually, when I say that I speak English better than French, I mean that...

L. B.: I propose however to speak French. But it was an idea to which we turn back: because I would like to ask you about Fluxus, as an idea of 10 years ago. I would also like to ask you about the recent events, of the Poïpoïdrome in Budapest. Je voudrais savoir ce que vous pensez de l´idée de Poïpoïdrome spécialement à Budapest, après le vernissage que nous venons de vivre?

R. F.: Well, after the vernissage?

(Tout le monde parle)

L. B.: Je voudrais savoir si cette réalisation à espace-temps réel vous a demandé une modification?

R. F.: Bah, cela a donné le sens! Le sens même du nom, parce-qu´en fait quand on avait un espace-temps réel, c´était marquer déjà la différence entre le projet, l´histoire de l´art en général et un état de considération.

Alors, ça prend un autre sens.

L. B.: Pouvez-vous déjà imaginer ou évaluer les effets du Poïpoïdrome à Budapest pour les gens de Budapest?

R. F.: Hier, les gens, les auditeurs, ont beaucoup participé; et c´est pour cela que l´on préfère penser à des utilisateurs plutőt qu´à des auditeurs.

Dans l´avenir, tout va dépendre de l´endroit où c´est disposé. Je pense que des gens, au moins, de temps en temps, feront le tour du Poïpoïdrome, auront un sentiment de participation. Je le crois! C´est pour cela qu´on le laisse aussi!

L. B.: En ce qui concerne la participation, j´ai reçu, hier soir, des réactions négatives. Essentiellement de gens très sages, trop sages, pour ainsi dire qui affirment ne pas aimer car on les a pas invité à participer. C´était un architecte, par ailleurs. Qu´en penses-tu? C´est déjà à la mode d´y participer!

R. F.: Non, mais du moment qu´on l´invite, il y participe déjà. C´est pourquoi, il dit que la participation n´est pas d´aller le voir, c´est déjà participer.

L. B.: Lorsqu´il pense que c´est tout à fait négatif, sa participation est-elle aussi négative?

R. F.: Non, cela ne peut pas être négatif! Il est là avec une attitude négative, c´est son droit!

Le fait d´être là avec son attitude négative, il participe en prenant un titre; c´est comme la personne qui peignait sur le bois hier.

Je ne sais pas si tu es d´accord de participer. Négatif veut-il dire avoir mauvaise volonté? Je n´ai pas très bien compris le sens.

L. B.: Cette personne est très cultivée et sait que l´art contemporain veut toujours que les gens participent.

R. F.: S´il est cultivé, qu´est-ce qu´il produit?

L. B.: Il fait dans ce domaine de l´art. Il connaît assez bien les tendances de l´art moderne. Il semble que cela devienne à la mode pour les artistes de vouloir participer.

En même temps, il faut faire une distinction: le Poïpoïdrome ayant commencé en 1963, était alors une idée tout à fait originale. Aujourd´hui, en attendant que le Poïpoïdrome vienne à Budapest, les gens avaient déjà adopté la vulgarisation de votre idée. Est-ce que tu comprends?

R. F.: De toute façon, je trouve que l´on s´attache trop à l´opinion d´une personne qui a parfaitement le droit de réagir comme elle veut.

Ce que je voulais dire en parlant de participation, elle est faite de qui il vient. Après, s´il prend son droit d´avoir son avis, s´il veut s´exprimer...

S´il n´y avait pas des gens qui n´aiment pas le Poïpoïdrome, ça n´existerait pas!

(Rires)

L. B.: Pourquoi avons-nous du attendre 13 ans jusqu´à la première réalisation du Poïpoïdrome?

R. F.: J´espère que tu as beaucoup de bande, je pourrais te raconter ma vie. Rires. Je crois que cela résumera tout.

Avant, nous n´avions pas le prix du billet, mais ce n´est peut-être pas tout à fait vrai.

L. B.: J´ai 4 bandes.

R. F.: Je vais tout résumer en disant que, d´abord, on était fauché comme les blés. Ensuite, on n´y pensait plus; puis par une série de circonstances, le projet a été relancé. Par (Johannes) Cladders1 d´abord qui avait organisé une exposition de La Cédille qui sourit. Il a voulu des oeuvres qui précédaient notre collaboration Georges (George Brecht) et moi.

Alors, parmi les oeuvres que j´ai montrées, j´ai mis l´oeuvre que Jo (Pfeufer) et moi avions faite ensemble, qui est le projet initial avec la fusée poïpoï.

Le premier cercle dit: "C´est poïpoï with flowers". Le deuxième dit: "All with beer!", the third one is the "poïpoï up to date". And the Cap Canaveral poïpoï. It wasn´t Cap Kennedy; it was Cap Canaveral.

Joachim Pfeufer: And it wasn´t a plastic entonnoir; it was a metal entonnoir. And the last thing on the rocket said. I think it´s an answer to your friend even if poïpoï doesn´t know poïpoï.

R. F.: So, it was shown in Mönchengaldbach, it was shown then in the room that was given to me at the Documenta 1972. No, in 1968.

In the room we´ve shown the project which was bought by the museum of Amsterdam after the exhibition.þ(Tout le monde parle)

R. F.: We had kept the project. I had in a box the canvas of which all the texts have been written, and the few illustrations given. So, this canvas was rolled in this box and "La Cédille qui sourit" with George Brecht, we have made an étagère.

(Tout le monde parle)

L. B.: C´était un siège pour s´asseoir?

R. F.: Oui, c´était un siège, et des étagères aussi!

Cela avait été sauvé de la tourmente. Toutes mes oeuvres, jusqu´à cette époque-là avaient été détruites.

L. B.: Un voleur?

R. F.: Alors, je parle du Poïpoïdrome!

(Rires)

R. F.: Nous étions chez Cladders dans les réserves du musée. Cette boîte que nous avions peinte en jaune était entretemps arrivée; et la maquette, Jo l´avait envoyée de Paris, tout comme la fusée.

Lorsque l´on a ouvert cette boîte, une souris en est sortie!

(Rires)

R. F.: Il y avait des oeuvres de très grande valeur partout. Il fallait attraper la souris!

Enfin, elle fut attrapée.

Ensuite, on sortit l´oeuvre. La souris devait être là depuis longtemps car elle avait mangé un bon morceau du projet! C´est déjà restauré!

(Rires)

L. B.: Je voudrais vous poser une question tout à fait historique ou très sévère: pensez-vous que l´idée du poïpoï soit liée à l´idée de Fluxus? Ou absolument pas?

R. F.: Absolument pas! L´idée, je ne veux pas dire que Fluxus ne soit pas dans l´esprit. Cela n´a jamais participé, ni entré dans le cadre des manifestations Fluxus.

L. B.: Est-ce important lorsque tu dis que Fluxus est seulement ce qui était signé ou marqué comme Fluxus?

R. F.: Ça, c´est une autre question! J´ai dit que cela participe au même esprit. Alors, si tu considères que c´est l´esprit. Bien sur, dans ce cas-là...

Nous disions l´autre jour entre nous: "Le monde, c´est une énorme performance Fluxus."

Bien sur, personnellement, je suis lié à Jo, à George Brecht, à d´autres pour l´esprit dans lequel nous travaillons.

Si on le met comme cela, je dirais: oui, le Poïpoïdrome appartient à Fluxus; et Fluxus appartient au Poïpoïdrome. Tout Fluxus pourrait entrer dans le Post-Poïpoïdrome. Je me souviens que nous l´avons expliqué hier en ces termes à quelqu´un.

L. B.: Je te demande cela car en Hongrie il y a un énorme bruit parmi les artistes autour de Fluxus qui n´est pas tout à fait connu. Tout le monde veut savoir ce que veut dire Fluxus.

R. F.: C´est un truc que l´on rencontre un peu partout, et de le retrouver ici si fort en Hongrie, c´est quelque chose qui m´a étonné, j´en suis très content! Je trouve que les gens d´ici par ce qu´ils font, ils font déjà partie de Fluxus.

L. B.: Est-ce que vous pensez que cela existe encore?

R. F.: Fluxus existe encore pour autant que cet esprit existe encore. Et d´une façon surprenante, non seulement il existe, mais il a proliféré!

Formellement, Fluxus existe à travers quelques activités communes qui sont assez rares, mais par exemple: le concert pour clavecin que nous venons de donner à Berlin Ouest, où George Maciunas, George Brecht, Bob Watts, Nam June Paik, Ben Vautier, Yoshi Wada et moi-même nous sommes retrouvés pour faire une performance. Cela faisait des années que nous n´avions pas fait de performances ensemble. Et avant cela, au mois de mai, nous avions donner un grand dîner surprise en l´honneur de George Maciunas qui a inventé le nom de Fluxus.

George Maciunas est toujours très actif, il publie toujours un tas de choses et il y a une nouvelle génération Fluxus. Il y avait, par exemple, un type Larry Miller qui était dans notre performance. Il a 30 ans maximum; Bob Watts m´a dit que c´était un de ses élèves dans le temps.

George Maciunas fait des choses avec des jeunes. Il y a énormément de gens à New York qui donnent des performances tels Jean Dupuy, ce Français. George Maciunas continue; il a des projets. Il vient de s´installer dans le Massachusetts où il veut faire un Fluxus Center. Déjà il m´a invité pour l´été prochain avec George Brecht et Ben Vautier.

Même formellement, des rapports d´amitié, de camaraderie, de coopération, qui ont toujours existé, qui sont peut-être les seules qui ont toujours existé, continuent.

L. B.: Il y a deux ans, Joseph Beuys m´a dit que, selon lui, Fluxus n´existe plus. Aujourd´hui, il n´existerait plus que des artistes.

R. F.: Tu sais, l´esprit Fluxus a précédé, et de loin, le mot Fluxus. On ne peut pas dire que le mot Fluxus n´était pas aussi digne d´un acte de création. C´est un acte de création qui s´identifie dans son propre esprit.

A ce sujet, George Brecht aime dire "We could have done the work anyway". Mais ce que dit Joseph, on ne peut pas se tromper sur Fluxus, c´est impossible de se tromper.

On peut dire que Fluxus est mort; on peut dire qu´il est vivant. Tu me comprendras mieux si je te dis que je n´ai jamais appartenu à Fluxus.

(Silence)

L. B.: C´est assez drőle. Cela devient pour moi une question que j´ai déjà prononcé.

"1963–76" cela veut dire qu´il y a une permanence dans l´idée de Poïpoïdrome. Il y a le sens de l´actualité? Est-ce que tu penses que l´idée de Poïpoïdrome restera toujours actuelle?

R. F.: Vers la fin de l´année 62, il s´est passé beaucoup de choses comme cela. Je vais parler d´une des deux auxquelles j´ai participé. C´est le Misfits´ Fair, la foire des ratés, qui a été créée à Londres.

L. B.: C´est surtout toi qui y a participé?

R. F.: Non! C´est Daniel Spoerri qui l´a organisée. Il y avait donc Daniel Spoerri, Addi Køpke, Emmett Williams, Ben Patterson, Ben Vautier, Robin Page et moi-même. Et de cela, il y en a six au moins; presque tous ont participé à Fluxus.

C´est là que j´ai fait connaissance de George Maciunas pour la première fois lorsqu´ils sont venus à Londres. Un peu avant cela, vers février 62, j´ai rencontré Maciunas à travers Benjamin Patterson, au début de 62.

A ce moment-là, j´avais la Galerie Légitime, la galerie dans ma casquette. Dans les rues de Paris, je proposais des oeuvres d´art aux gens.

Alors, j´ai décidé de faire une exposition de Benjamin Patterson. Des sortes de poèmes qu´il avait découpés étaient dans des boîtes d´allumettes.

Lorsque nous en avons parlé à George Maciunas qui était en train de concevoir le projet Fluxus, il a dit "Moi, je vais imprimer l´invitation et nous allons présenter cela comme «Fluxus preview». On l´a appelé le voyage de la Galerie Légitime parce-que nous avons quitté les Halles – Jo était là avec des amis à 3 heures du matin – et nous avons terminé vers minuit à La Coupole. Le programme disait exactement où nous serions: à 3 heures du matin les Halles, à 3 heures et demi telle rue, 4 heures tel café; on est même allé au cimetière du Père Lachaise.

Ensuite, nous avons terminé par une performance qui a été la toute première de gens qui sont devenus connus de ce non-instrument of music. C´était des trucs que Maciunas avait apporté. Nous écoutions la bande du voyage de la Galerie Légitime, parce-que pendant que nous faisions le voyage nous enregistrions, Benjamin Patterson et moi, la réaction des gens.

J´avais essayé par la suite de vendre quelques oeuvres de performances. Pour la première fois, il y eut les performances de Benjamin Patterson, de George Brecht, de Bob Watts, et d´autres.

Enfin, en hiver 1963, le premier concert Fluxus a lieu à Copenhague.

Du début de 1962 à la fin, en élargissant un peu à 1963, des trucs se sont passés qui allaient amener des gens plus tard à travailler ensemble.

L. B.: En revenant, encore une fois, à la question de l´actualité, il existait chez nous un groupe appelé Fluxus East. Nous vivons aujourd´hui East.

R. F.: Je n´en n´ai pas entendu parlé!

L. B.: C´est lié avec Milan Knizak. C´était une activité parallèle en 1964–65.

R. F.: Maciunas avait fait une liste qui divisait le monde entier: il y avait Fluxus Ouest, Fluxus East, Fluxus Paris.

Il y avait dedans énormément de noms, ce qui prouve qu´il n´y avait pas d´exclusive. J´ai vu plusieurs groupes de ce genre. D´ailleurs, j´ai l´intention d´en parler à Maciunas qui sera ravi.

L. B.: Ce garçon dont l´oeuvre que tu as vu ici a travaillé dans ce sens vers l´année 1965.2 Je le considère comme un des plus importants artistes de ces deux dernières décennies. Pour nous, c´était toujours terrible, sans relation, seulement des tendances isolées.

C´est pour cela que je m´interesse à la manière dont vous pouvez juger l´idée de Poïpoïdrome à Budapest.

R. F.: Je crois que le Poïpoïdrome contribuera à encourager les gens qui travaillent dans cet esprit, puisque c´est le même.

En ce qui concerne l´isolement, il est évident que dans les schémas que fait Maciunas, il y a eu de nombreuses omissions dues simplement à l´ignorance de ce qui se passait ici.

L. B.: Pour vous, ce qui se passe chez nous, est-il une chose importante?

R. F.: Oui, je trouve que c´est une chose très profonde, très vraie, très brutale dans les difficultés qu´elle rencontre.

Et, à cause de cela, pour nous, c´est bouleversant!

L. B.: A votre avis, quels étaient les moments spéciaux actualisés à la situation de Budapest?

R. F.: C´est la première fois que le Poïpoïdrome a une nécessité pour un public.

Le prototype, c´était un lieu clos, c´est à dire dans un musée. Un Poïpoïdrome, ça peut aussi se balader dans les rues.

On disait que c´était dans un bâtiment qui pouvait sauter et ainsi propager son esprit.

J. P.: L´actualité d´un Poïpoïdrome à Budapest réside dans la première fois de se créer dans un réseau de rapports avec les gens qui allaient le voir. Cela n´existait pas à Budapest, sauf dans l´esprit d´une communauté très réduite. C´est cette communauté que nous découvrons qui est passionnante!

L. B.: En commençant le travail, vous avez pensé à utiliser ces billets d´avion actualisés à la hongroise avec le nom de Ferenc Liszt. Essayez-vous toujours de créer des liaisons?

R. F.: Nous avons utilisé le dictionnaire anglais-hongrois. Nous avons surtout employé énormément de photos de Hongrois en train de travailler dans les rues de Budapest. Surtout, nous avons employé les tickets de votre train pour illustrer telle ou telle courbe, une feuille et un morceau d´écorce de votre parc.

Nous avons même suspendu un oeuf d´une poule hongroise. (Rires)

Et nous avons travaillé tous les jours pendant plusieurs heures, là, sur place, dans de très bonnes conditions.

Le point fort étant le travail de tous les jours et, notre mini-intégration au milieu hongrois se reflète un peu par les objets et les choses que nous avons employés.

Cela ne pouvait pas être autrement.

L. B.: Pensez-vous que ces gestes ont vraiment touché la réalité hongroise? C´était une proposition relevante.

J. P.: Je crois que ça a fait une réalité hongroise du moment que ça existe dans la réalité hongroise!

Après, voir la résonnance que cela peut avoir, on peut louper l´entérité. On peut rectifier, en arrêtant quelquefois même pendant des années. Même dans la façon que le Poïpoïdrome continue, il suit lui-même ses aléas.

R. F.: Je suis d´accord avec ce qu´il a dit.

Nous n´avons pas manqué d´enregistrer les conversations que nous avons eues avec tout le monde sur la situation réelle en Hongrie, le Poïpoïdrome étant conçu comme un projet de création permanente.

Comme nous le disons parfois: une création permanente est une liberté permanente.

Cela nous a renforcé, au contraire, dans l´idée que d´insister sur la création permanente, valait la peine. Il fallait la faire!

Il existe des cas précis dans les oeuvres choisies elles-mêmes, qui sont précis, non par choix délibéré, mais qui sont venus d´eux-mêmes. Par exemple: le Dataway.

Ce n´était ni prévu, ni calculé!

J. P.: Parce-qu´en réalité, la façon de travailler n´a pas tellement lieu d´être dite, ni d´être précisée. Cela n´a aucun propos devant l´idée du Poïpoïdrome.

On l´a fait d´une manière ou d´une autre. Cela change constamment, même dans la façon d´en discuter.

Ce Poïpoïdrome n´était pratiquement que des voyages!

Le propos n´est pas tellement ce que nous faisons, mais plutőt le point de contact de l´incertitude. C´est ce que nous faisons chacun de notre cőté, je crois.

Et puis, cette jonction faite ayant une énorme ressemblance avec beaucoup d´autres jonctions... That´s why the Poïpoïdrome is one of the notes.

We don´t know how many points of contacts, of relations, of systems of aknowledge.

(Tout le monde parle)

R. F.: It´s interesting, I think also, it´s a nomadic concept.

It´s not the first time I get into trouble having realising that La République Géniale is my last thing.

When I realise that I was trying to create in acemetery...

Je crois que, lorsque j´y pense maintenant, pour le Poïpoïdrome cela a toujours été un voyage; c´est nomade.

Ce que cela propose aux gens: c´est le voyage!

J. P.: Problème de voyage interdit. Tout système de correspondance et de translation possibles est brisé par cette question de voyage interdit.

Je crois qu´il n´y avait pas d´esprit missionnaire.

On ne transportait rien. On venait pour voir.

(Tout le monde parle)

R. F.: Moi, j´aimais dire aux gens que le Poïpoïdrome, c´est le secret de Polichinelle.

Et, Jo a ajouté une autre expression: "C´est l´auberge espagnole!"; cela signifiant qu´on y mange ce que l´on y apporte.

Le secret de Polichinelle, c´est un secret que tout le monde connaît. Polichinelle étant un clown qui ne peut pas tenir sa langue.

(Rires)

R. F.: Dans la version optimum du Poïpoïdrome devant les gens était placée une très très grande roue qui disait "L´art est ce que font les artistes". Il y avait un lieu où les gens écrivaient le nom de n´importe quelle profession ou personne. S´ils pensaient que la politique est un art – à ce moment-là, on parlait beaucoup de Castro – ils pouvaient écrire Castro. Alors, lorsqu´ils passaient de l´autre cőté de la machine, ils pouvaient lire "Castro fait ce que font les artistes; Castro est un artiste". C´est la version originale!

(Tout le monde parle)

L. B.: Avez-vous déjà vu la réalisation de cette idée: quand un balayeur est devenu artiste ?

R. F.: J´ai rencontré des gens qui considèrent leur activité comme un art.

L. B.: De quelle profession?

R. F.: La toute dernière fois, quand on réparait ma maison, il y avait deux maçons, un Tunisien et un Algérien, Paul et Mohamed, qui construisaient un mur du cellier.

Paul, qui sait que je suis un artiste, me dit "Regardez le mur, nous sommes des artistes nous aussi!"

Je lui ai dit "Bien sur!"

Et Mohamed lui réplique: "Non, nous, on est pas des artistes!"

L. B.: Est-ce que ces deux hommes qui faisaient un mur t´ont considéré comme un artiste pour ce que tu fais?

En Hongrie, j´ai rencontré ces types affirmant "Tu n´es pas un artiste!", "Moi, je suis un artiste parce-que je fais une chose tout à fait pratique!"

R. F.: Je n´en n´ai jamais rencontré.

Par contre, j´ai parfois été agressé. Dans ce cas précis, il accepte!

L. B.: Je pose cette question, car, il est assez courant ici de rencontrer des gens affirmant "Je peux faire ce truc moi-même, mais ce n´est pas de l´art".

Tu ne penses pas que c´est un problème important?

R. F.: Non! C´est une appréciation que les gens portent à l´art, ce n´est pas, pour le moment, une chose qui m´interesse particulièrement.

Je crois que je juge le plus important. Cela ne me gêne pas!

(Tout le monde parle)

R. F.: The most fantastic reaction, I never had, was from my own mother. I was in my house. We were talking about art. It was the summer. She stood up and she closed the window, that the neighbours would not hear.

My mother has been a worker in a factory. I was always raised in the family where people like me, born poor, weren´t doing piece like art.

For my mother, I could become the most famous artist in the world, and I wasn´t. I was living like a ...

I could have been like anybody, she still would have felt.

You know, it´s like learning tennis, even going to the lycée. When my brother, for the first time – he is 5 years older than I am – he´s got a scholarship. So, he could go to the lycée; now he is a doctor.

My mother didn´t want him to take it. She said "The lycée is good for rich man!". "C´est bon pour les riches!"

This is why I don´t mind if people look at what I do and find either that it is useless. I don´t mind provide they let me do.

L. B.: But, the people who say that is not art, they don´t want liberate themselves! Do you think it´s true?

R. F.: It is not that because popular art express...

J. P.: This is a very big thing. It´s a big error to want more.

R. F.: There was only one person who more or less refused me...

I was sent by a friend of mine to the Ministry of Culture. I didn´t know it! He told me: "They will give you 3 thousand francs". It was something about writing; I have written poems.

He asked me "Have you been published?" I said "No!"

He said "Nowadays, everybody who writes can get published. We give this money to people who get published."

This is really on this level of people who protect us, who put us down.

But, on the level of other people, you know, I can have a good time just having a drink with them; we have the same way to look at certain things.

It´s like this French guy I have met.

He built his own house during 3 years. He was telling me "I never had time to go hunting, I worked so hard in these 3 years!"

He thought and said "Well, you know, it´s not hunting I miss, what I miss it´s just walking alone in the hills and not thinking about anything."

And I thought: "He talks exactly the same language as I do.

He has exactly the same needs. He is trying to have the same things!"

So, even on this level, I deny that people not act, I deny absolutly!

I think that they just don´t remember that they know. They have been brainwashed.

(Tout le monde parle)

R. F.: Do you know this beautiful poem of T. S. Eliot:

"So much intuition lost through knowledge
So much knowledge lost through information
So much information lost through publicity
So much life lost through living."

L. B.: Tu viens de parler de ce chasseur qui a la même manière de vivre que toi; le seul problème étant le brainwashing. Mais peut-on l´aider parce-qu´il est brainwashed?

J. P.: I don´t say that Western society is OK. I always that it is already a very big thing if you can make it.

You can fight if you want against people who don´t want to allow.

It´s legitim.

R. F.: There is one thing which is sure. The organisation of society comes after. It´s not a question of choice; we don´t have any choice, doing what we are doing.

The all history of the world is almost this thing of this struggle against the people who refuse to accept this thing. And it runs through times. In a certain time, it´s better for a society.

At another time, it is worse.

It´s a great tragedy that the revolution has to be made in Russia. Russia cannot stand as a model of society.

We have to live with that, like all the people who live with war. In the term of political war.

It´s all the principle of leaving the king dividing Europe.

It´s rather a chance if the king is enlightened or isn´t. And I think that the Western king is more enlightened. Maybe the chance will come?! You can imagine.

One day, we open the newspaper and we read that the Russian people are just fed up and they start...

We don´t know! What we know, that´s in terms of reality. Historical development. Europe is different. We are always on the edge of civil war.

Don´t you think that some people are more guilty than others?

Western people are guilted for work.

Always exagerating the division of labor.

Always increasing it!

We have politicians, we have this, we have this!

George Brecht has a wonderful definition. He says: "When you have named every profession, matematicians, politician, plumber, cook, and you come at the end and you don´know how to define. There is something you name, you say "Artist".

Budapest, le 18 septembre 1976

Le Poïpoïdrome / Description Sommaire de l´oeuvre / Lettre de donation de Poïpoïdrome

Joachim Pfeufer & Robert Filliou at the Club for Young Artists
Presentation of "Poïpoïdrom à Espace-Temps Réel No. 1
Vue du Poïpoïdrome de Budapest

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